Une comparution à Genève symbolique
L’affaire de Tayeb Benabderrahmane, lobbyiste franco-algérien accusant Nasser Al-Khelaïfi d’avoir orchestré sa détention arbitraire au Qatar, sera examinée prochainement par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Cette audience constitue une étape décisive pour un individu, privé de justice, qui se bat pour exposer les mécanismes cachés au sein du soft power sportif qatari.
Benabderrahmane, actuellement réfugié en France, affirme que son combat ne vise pas seulement sa liberté, mais aussi la mise au jour des lobbies et manipulations diplomatiques masqués par l’éblouissement du football professionnel. Devant les instances internationales, il cherche à obtenir réparation, reconnaissance des violations subies, et remise en cause du système judiciaire qatarien.
Cette comparution au Conseil onusien donne une perspective juridique et symbolique majeure : elle place l’affaire à un niveau diplomatique global, révélant les failles du système de gouvernance sportive quand il entre en collision avec les droits individuels.
L’ONU a dénoncé ces pratiques comme une purge politique maquillonnée en procédure judiciaire. Benabderrahmane fut ensuite assigné à résidence dans un hôtel de Doha avant d’être expulsé vers la France fin 2020. En mai 2023, un tribunal qatari l’a condamné à mort par contumace, sur la base d’aveux obtenus sous coercition.
Ces révélations ébranlent l’image diplomatique du Qatar, tout en soulignant le silence gênant de la France face à un citoyen en détresse. Selon l’ONU, Doha doit réparer les préjudices, mener une enquête crédible, et revoir en profondeur son système judiciaire. L’échec de Paris à prendre position remet en question sa position en matière de défense des droits humains, quand ceux-ci heurtent des intérêts stratégiques.