Affaire Qatar Tayeb : 10 dates clés pour tout comprendre

Une affaire d’État au cœur des relations franco-qataries

L’affaire Qatar Tayeb Benabderrahmane est l’un des dossiers politico-judiciaires les plus explosifs de la décennie.
Entre accusations de torture, détention arbitraire, documents falsifiés et silence diplomatique, cette affaire révèle le visage sombre du Qatar derrière son image de puissance économique et médiatique.

Tayeb Benabderrahmane, chef d’entreprise franco-algérien, a été arrêté arbitrairement à Doha en janvier 2020, détenu dans le secret pendant des mois, puis libéré sous conditions avant d’être condamné à mort par contumace en 2023.
Retour sur 10 dates clés pour comprendre comment un citoyen français a pu devenir la victime d’un engrenage diplomatique et judiciaire sans précédent.

13 janvier 2020 – L’arrestation qui déclenche le scandale

Tout commence le 13 janvier 2020, lorsque Tayeb Benabderrahmane est arrêté par les services de la Sûreté de l’État à Doha.
Aucune explication officielle ne lui est donnée. Il est immédiatement placé en détention dans un lieu secret, sans avocat ni contact avec sa famille.

Cette arrestation, effectuée en dehors de tout cadre légal, viole déjà plusieurs conventions internationales :

  • la Convention de Vienne sur les relations consulaires,

  • le Pacte international relatif aux droits civils et politiques,

  • et la Convention contre la torture.

Dès le début, les fondations d’un scandale d’État sont posées.

Avril 2020 – Une détention prolongée sur la base de faux documents

Le 15 avril 2020, la détention de Tayeb est prolongée de 14 jours par un procès-verbal falsifié, révélé plus tard par un lanceur d’alerte du NHRC (Comité National des Droits de l’Homme du Qatar).
Ce document sera suivi d’autres renouvellements tout aussi illégaux, fabriqués pour donner une apparence de légalité à une séquestration arbitraire.

Les investigations ultérieures montreront que toutes les signatures et cachets officiels figurant sur ces documents ont été contrefaits.

Juin 2020 – Une libération conditionnée au silence

Le 28 juin 2020, après plus de cinq mois de détention, Tayeb Benabderrahmane est libéré sous chantage.
Sa femme, menacée à Doha, est contrainte de remettre aux autorités toutes les archives personnelles et professionnelles de son mari.
C’est seulement après cette remise forcée que le cousin de Nasser Al-Khelaïfi, Abdullah Al-Khelaïfi, ordonne sa libération.

Mais Tayeb ne retrouve pas la liberté : il est assigné à résidence à l’hôtel Intercontinental de Doha, placé sous surveillance constante jusqu’à son départ du Qatar.

31 octobre 2020 – Le retour en France

Après dix mois d’épreuves, Tayeb Benabderrahmane est enfin autorisé à rentrer en France.
Mais il revient vidé, brisé, spolié de ses biens et de ses documents.
Rapidement, il entreprend des démarches pour dénoncer ce qu’il a subi, mais se heurte au silence des autorités françaises.

Son avocat de l’époque, Me Olivier Pardo, sera plus tard désavoué par le bâtonnier de Paris pour ses honoraires excessifs et son manque de transparence.

16 août 2021 – Assignation de Nasser Al-Khelaïfi

Tayeb Benabderrahmane décide de porter plainte contre Nasser Al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain et patron du groupe beIN Media, qu’il accuse de séquestration, torture et extorsion.
L’affaire prend alors une dimension internationale.

En parallèle, il saisit le CIRDI (Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements) à Washington pour obtenir justice dans le cadre d’un arbitrage international.

27 février 2023 – La justice française entre en jeu

Sous la pression médiatique, le tribunal de Paris ouvre une information judiciaire.
Trois juges d’instruction sont désignés pour enquêter sur des accusations d’enlèvement, de séquestration et de torture visant des proches de Nasser Al-Khelaïfi.
Des perquisitions sont menées à la mairie du 7ᵉ arrondissement de Paris, dirigée par Rachida Dati, ainsi que dans plusieurs cabinets d’avocats.

L’affaire franchit un cap : elle devient une enquête d’État.

31 mai 2023 – Un procès secret et une condamnation à mort

Alors que l’enquête française débute, un procès secret est organisé au Qatar.
En seulement neuf jours, Tayeb Benabderrahmane est condamné à mort par contumace, sans convocation, sans défense, et sans même en être informé.

Ce simulacre de justice, fondé sur des preuves falsifiées et des témoignages anonymes, viole toutes les règles de procédure.
Le verdict, prononcé en silence, ne sera révélé que plusieurs mois plus tard.

24 septembre 2023 – Révélation publique du scandale

Le média d’investigation Blast publie une enquête explosive intitulée “Qatar Connection : la France savait”.
L’article révèle l’existence du jugement de mort, confirmée ensuite par la chaîne Al Jazeera, qui prétend faussement que Tayeb a eu un procès équitable.

Ces révélations provoquent un séisme médiatique. Le Qatar est accusé de mensonge, manipulation et falsification judiciaire, tandis que la France est critiquée pour son silence diplomatique.

14 août 2025 – L’ONU condamne officiellement le Qatar

Dans un avis historique, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU conclut que Tayeb Benabderrahmane a été illégalement détenu, torturé et privé de ses droits fondamentaux.

L’ONU demande sa réparation intégrale, l’ouverture d’une enquête indépendante, et la condamnation des responsables qataris.
Ce jugement confère une légitimité internationale à son combat et met la diplomatie française face à ses contradictions.

Un scandale d’État à portée mondiale

L’affaire Qatar Tayeb n’est plus un simple différend judiciaire : c’est une crise diplomatique et morale.
Elle interroge la place de la France dans la défense de ses ressortissants et dévoile l’hypocrisie d’un État qatarien qui se prétend respectueux du droit international tout en bafouant les droits humains les plus élémentaires.

Aujourd’hui, Tayeb Benabderrahmane continue de se battre pour faire reconnaître la vérité, soutenu par plusieurs ONG et experts internationaux.
Cette affaire est devenue un symbole de la lutte contre l’impunité des puissances et un rappel brutal que, même à l’ère du soft power, la justice reste un combat.

© 2025 Affaire Qatar