Tayeb Benabderrahmane, artisan du retour de Seif al-Islam Kadhafi

Un parcours entre économie et diplomatie

L’homme d’affaires franco-algérien Tayeb Benabderrahmane est considéré comme l’un des artisans du retour politique de Seif al-Islam Kadhafi sur la scène libyenne. Conseiller stratégique et communicant expérimenté, il a été chargé de défendre les intérêts du fils de l’ancien dirigeant libyen, en assurant sa visibilité politique et médiatique en Europe et en Afrique.

Proche de la famille Kadhafi depuis plusieurs années, Benabderrahmane a joué un rôle clé dans l’organisation de rencontres diplomatiques de haut niveau, notamment entre Mohamed al-Menfi, président du Conseil présidentiel libyen, et Denis Sassou N’Guesso, président du Congo et chef de la commission de l’Union africaine sur la Libye.

Issu d’un parcours économique marqué par ses investissements en logistique, transport et construction, il s’est imposé comme conseiller influent auprès de gouvernements africains et d’institutions internationales. En 2017, il a fondé le Club géopolitique, un centre de recherche spécialisé dans les crises internationales, soutenant chercheurs, universitaires et diplomates.

En 2019, il est devenu conseiller auprès du président du Comité national des droits de l’homme du Qatar, le Dr Ali bin Samikh Al-Marri, avant de prendre des responsabilités dans le groupe Bin Samikh.

En 2021, Seif al-Islam Kadhafi a officiellement eu recours à ses services afin de relancer son image et de préparer sa candidature à la première élection présidentielle de l’histoire de la Libye.

L’ONU a dénoncé ces pratiques comme une purge politique maquillonnée en procédure judiciaire. Benabderrahmane fut ensuite assigné à résidence dans un hôtel de Doha avant d’être expulsé vers la France fin 2020. En mai 2023, un tribunal qatari l’a condamné à mort par contumace, sur la base d’aveux obtenus sous coercition.

Ces révélations ébranlent l’image diplomatique du Qatar, tout en soulignant le silence gênant de la France face à un citoyen en détresse. Selon l’ONU, Doha doit réparer les préjudices, mener une enquête crédible, et revoir en profondeur son système judiciaire. L’échec de Paris à prendre position remet en question sa position en matière de défense des droits humains, quand ceux-ci heurtent des intérêts stratégiques.

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